CHRONIQUES ALBUMS

Qu'il est prolifique, ce Ronnie ! Pretty Maids étant en sommeil prolongé depuis quelques années, le chanteur danois n'a pas pris de repos pour autant. Après les excellents "One Shot" en 2021 et "Make it Count" en 2022, voici venu son troisième album solo, "Trinity", qui s'annonce comme le résultat de tout ce qu'il sait nous proposer de mieux.

Toujours accompagné du guitariste Chris Laney, "Trinity" nous propose douze morceaux de très bon heavy mélodique. Là où les deux premiers opus tendaient nettement vers l'AOR, voire le classic-rock, nous avons droit à de purs joyaux de heavy-rock. On reconnaît évidemment la patte unique du chanteur, et de nombreux moments rappellent les premières années de Pretty Maids, comme sur le chant de "Ode to a Madman" ou encore les riffs de "Paper Tiger". Même la power-ballad "Soul Divine", superbe de finesse et d'émotion, aurait pu figurer sur l'album "Motherland" des Pretty Maids.

L'ensemble est un peu plus heavy que les deux précédents, comme en témoigne "Godless", très métal dans les riffs. Cependant, les morceaux un peu plus légers sont toujours présents, à l'instar de "If You Can Dream It", "Shine" ou "Raining Fire", qui nous donnent le sourire et provoquent une bonne humeur naturelle bienvenue. Impossible de ne pas secouer la tête comme un furieux sur ces titres !

Les lignes vocales sont sensationnelles et très inspirées. Le refrain de "Sister Sinister" est si mélancolique qu'il me donne des frissons à chaque écoute. J'adore toujours autant cette dualité du bonhomme, cette alternance entre voix douce dans les médiums graves et voix rocailleuse dans les médiums et aigus qui conforte véritablement son identité unique, jamais copiée.

Jusqu'à la toute dernière note de la belle ballade "What If", achevant cette œuvre bourrée de fortes mélodies et de sentiments intenses, je me suis accroché à la voix de Ronnie qui, malgré les décennies et les outrages du temps, n'a jamais rien perdu de sa superbe ni de son émotion. Imperturbable, éclatant, lumineux, réécoutez le "Red, Hot and Heavy" de 1984 des Pretty Maids, et vous reconnaîtrez à coup sûr ce timbre vocal si particulier, charismatique et lumineux.

N'oublions pas de citer les musiciens qui ont pas mal navigué dans des groupes assez prestigieux et qui accompagnent Ronnie avec brio et virtuosité : Chris Laney et Markus Sunesson à la guitare, Pontus Eggberg à la basse (actuellement dans King Diamond), Allan Sorensen à la batterie (qui a joué sur les derniers Pretty Maids) et Linnéa Vikström aux chœurs. En parlant des voix, les chœurs sont légion sur les refrains de tous les titres et englobent parfaitement les mélodies du chanteur, magnifiant la puissance de la production.

Ronnie nous prouve que même avec la maladie (il est atteint d'un cancer des poumons depuis quatre ans), il reste un chanteur exceptionnel, toujours positif et travailleur, proposant une musique indiscutablement inspirée, dotée de belles énergies positives (c'est ce que je ressens en tout cas). "Trinity" reste, en plus de surpasser ces deux précédents albums solo, l'un des albums les plus intéressants de l'année dans le style. Pourtant, les groupes de classic rock, heavy ou hard-rock pullulent depuis quelques années du fait d'un grand revival, et la qualité y est belle et bien présente, très souvent même. Cependant, Ronnie a quelque chose en plus : une classe, un savoir-faire, une gentillesse, une élégance, un timbre unique, une qualité d'interprétation et de composition indéniable qui le laisse dans le top des meilleurs artistes de sa génération dans ce genre. Encore un très beau coup de cœur !