SANGDRAGON Hierophant [ 2023 ] |
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Double CD Album Durée : 80.00 Style : Black/Death + Dark medieval |
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Chronique : 06 octobre 2023 , réalisée par IvanJack25 | ||||
Attention, les amis, voici l'un des meilleurs albums de l’année 2023 (sortie imminente, le 21 octobre), tous styles confondus, le nouveau méfait de Sangdragon, groupe de Black Death Orchestral et Médiéval, originaire de Saône-et-Loire. Toujours mené de main de maître par le charismatique Vincent Urbain, Hierophant succède aux trois précédents albums : Daemonium (1993), Akhenaton (1995) et Sangdragon (2015), qui avaient été réédités par un superbe triple vinyle il y a quelques années, et dont la saga fut justement renommée "the Mystic Trilogy". Ayant eu l’occasion de les voir sur scène, Sangdragon n’est plus le projet d’un seul homme mais bel et bien un groupe composé de talentueux musiciens et vocalistes, dont Will Hien (basse, chœurs), Leo Mouchonay (batterie), Florian Lochem (guitares), Edouard Verneret (claviers, chœurs et orchestrations), Cynthia Marciniak (chant féminin), Denis Josserand (chant masculin) et bien sûr l’homme par qui tout a commencé, Vincent Urbain (composition, chant principal, bouzouki). Le nouvel opus se décline donc en deux albums distincts : The Black Dragon, orienté Black/Death Orchestral, et The White Dragon, plus axé Dark Médiéval/Pagan-folk metal. The Black Dragon s’impose comme une ode au Death Metal old-school (rappelez-vous les premiers Morbid Angel, Entombed, Therion…) et au Black Metal des plus obscurs, HellHammer (pre-Celtic Frost) et surtout les derniers Bathory avec ce côté épique, lancinant, où l’on se sent explorer les terres et les mers nordiques. Ces groupes précurseurs du style et donc novateurs à l’époque ont toujours une place particulière au fond de moi, car même si je ne suis plus trop axé Metal Extrême depuis longtemps, cette époque détenait une fraîcheur, une spontanéité, un naturel et une véracité que je n’ai plus jamais retrouvés dans la longue suite de groupes du style qui ont déferlé jusqu’à maintenant, à part peut-être un Gojira il y a peu… Sangdragon me fait le même effet, on plonge instinctivement dans leur univers avec « Curse of Desert » et « Let the fire speak », sortes de furies métalliques où tous les dieux de la création semblent s’être donné le mot pour faire exploser nos sens et notre imaginaire fantasmagorique. Le côté orchestral prend littéralement aux tripes, les arrangements d'Edouard Verneret semblent discrets de prime abord mais se révèlent omniprésents et indispensables tout au long de l'album, et les chœurs somptueux font frissonner tour à tour de bonheur et d’effroi. De belles ambiances variées se succèdent tout au long de l’album, « I proudly march to die » nous immerge dans une marche déterminée au son des vielles, cornemuses et tambours majestueux, comme une envolée désespérée vers un combat mortel, puis la voix de Cynthia, suivie de chœurs monstrueux, nous éblouissent et nous font rêver à un espoir incertain mais probable. Une belle claque ce morceau !!! Il m’a déconnecté du réel, littéralement. « War is war » commence avec une intro plus ordinaire pour le style et fleure bon le Morbid Angel des débuts, blast-beats de folie, double grosse caisse de sieur Leo et montées et descentes d’accords basse/guitare ornés de chœurs lointains, inaccessibles. La voix puissante et coupée au fil d’acier de Vincent nous égorge, comme si nous crachions du sang à chaque mot qu’il prononce, mais ne nous freine aucunement dans notre quête à travers les landes grises et angoissantes. La basse de Will se promène allègrement et se démarque très souvent du vortex sonore de l'ensemble, tandis que Florian parfois se paye une bonne tranche mélodique à l’unisson avec les claviers d’Edouard. Dans « Carnal Legacy », les chœurs restent somptueux et les passages mélodiques, voire symphoniques, allègent un peu le tout, invitant une voix un peu plus narrée, parfois même chantée par Vincent, nous permettant de respirer un instant et de reposer nos sens sur quelques moments plus calmes, malgré l’orage qui gronde au loin. Encore un grand moment de l'album !!! « Under my stigmata », étant sorti depuis quelques semaines en vidéo, le rendu est encore plus homogène au milieu de l’album, rien que les chœurs du début à la fin me filent la chair de poule à chaque écoute. Je vous conseille de visionner la vidéo de ce titre, c’est très bien tourné, et les images habillent parfaitement ce monument de Death presque progressif (ah, ces petites pincées de piano sur le break du milieu, magique !), rappelant un bon vieux Nocturnus, le côté lyrique en plus ! La mer se tient à perte de vue, les vagues se brisent sur les immenses rochers de la côte. La quête arrive-t-elle à son achèvement, ou est-ce une escale avant de repartir sur les routes et les collines d’un monde encore inconnu ? C’est ce que me transmet « Frozen fear », avec son côté semi-acoustique, tout bouzouki dehors, le chant presque apaisé, les chœurs et les cordes aériens flottant sur l’horizon, et basse-guitare-batterie suivant le cortège, impassible, serein, comme une nouvelle renaissance… Le final nous gratifie d’un superbe solo de guitare, chose en fait très rare dans ce premier volet. Impressionnant comme cette musique peut provoquer des images d’une telle intensité, je suis recouvert de frissons et d'images plein la tête à la fin de cette partie metal de Hierophant. The White Dragon nous englobe d’entrée dans un univers rocailleux, brut et rigoureux, légendaire, perdu au fond des âges, comme si l’on prenait part à une quête de la vie où s’affronteraient mages, sorciers, dragons et autres créatures mythiques et merveilleuses. « Cernunnos » sort les instruments à cordes et les percussions et nous permet enfin d’apprécier les voix de Denis et Cynthia en osmose totale, pour des envolées mélodiques de toute beauté. Parfois on danse comme des fous au son de violons endiablés autour d’un feu improbable comme sur « Winged Blade », on s’y sent tellement bien qu’on y passerait toute la nuit, toute la vie. Puis, changement total d’ambiance avec « Behind the mist », inquiétant, comme si nous redoutions que quelque chose d’indomptable ne sorte de la brume ambiante des horizons à peine visibles. Alors des chants sont déclamés pour conjurer la peur et repousser l’inconnu. « Tvern » renoue avec le pagan-folk pur et me fait penser à certains moments de groupes nordiques du style, Ensiferum, Eluveitie, Finntroll ou encore Cruachan. De sublimes chœurs lyriques résonnent sur le bien nommé « Majesty », et est laissé libre cours au savoir-faire symphonique d’Edouard et ses claviers, régnant de deux mains de fer. Quelle beauté, une vraie musique de film fantasy, encore des frissons nom de Zeus, nom d’Odin ! Un instant baroque suspendu, quelques cordes, harpes, violes et basses en harmonie pour nous permettre de contempler les flocons de « Snow » tombant légèrement sur chacun d’entre nous, comme une purification divine. « Sweet frozen fear » nous amène sur des paysages un peu plus oniriques, voire celtiques, et le dragon blanc nous offre sa révérence sur « Back to Elysium », morceau épique de presque neuf minutes alliant chœurs enchanteurs et voix torturée, agonisante, le tout enveloppé en une musique planante, propice à l’imagination la plus fertile, provoquant autant d’images que de sentiments exacerbés, irréels, au-delà de notre monde. Pour couronner le travail phénoménal musicalement parlant, la pochette et les photos des musiciens sont sublimes avec ces couleurs bleutées, vermeil et sombres en même temps. Que dire du press-book accompagnant la musique, très professionnel, concocté par Will le bassiste, qui donne l’eau à la bouche rien que de lire la genèse du projet, de regarder les images pour s’immerger à nouveau dans l’album. J’ai vraiment hâte de recevoir le CD physique dans mes mains et de me régaler avec l’objet, les textes et autres illustrations. Quel travail de composition et d’interprétation, que de sentiments et d’émotions éprouvés, provoqués. J’en suis totalement retourné et admiratif, je n’ai presque plus de mots pour décrire tout le bien que m’a apporté cette découverte musicale d’une rare intensité. Après avoir acquis cette perle Hierophant, je vous conseille de vous procurer les trois premiers albums, et de ne pas les manquer lors de leurs prochains concerts. Notre pays compte réellement de très bons artistes et des groupes fabuleux, Sangdragon est l’un des plus majestueux ! Visionnez également leur reprise de Game of Thrones ainsi que l’énorme Chapel of Gouls de Morbid Angel, vous en serez ébahis ! Il y a longtemps que je n’avais pas été autant emporté, transcendé même par un album de musique extrême, en fait pas depuis l’excellent « The Way of All Flesh » de Gojira, pourtant sans corrélation entre les deux groupes… Ne serait-on pas très loin du chef-d'œuvre ici, quand même ? Un énorme salut et bravo à toute l’équipe de Sangdragon ! Hail Sangdragon !!! |
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