CHRONIQUES ALBUMS

L'ancien chanteur emblématique de feu White Lion s'est enfin lancé dans des reprises de douze titres de son ancien groupe. On se demande pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt. Mike nous offre une nouvelle interprétation de chansons vieilles de trente ans, avec un groupe totalement différent de l'époque, bien sûr.

Même si cela risque de me faire passer pour un nostalgique réactionnaire du bon vieux hard-rock des années 80, il est indéniable que le temps a laissé sa marque sur le style et la voix du chanteur blond. Dès les premières notes de "Lady of the Valley", on se demande si c'est réellement le même chanteur qui nous enchantait autrefois avec sa voix si distinctive. La surprise et la déception sont encore plus fortes avec "Broken Heart", véritable hymne de l'album "Fight to Survive" en 1985, qui peine à susciter mon intérêt. Toute la magie a disparu, la voix de Mike a perdu cette texture unique et l'on se demande de combien de tons les chansons ont été abaissées pour atteindre un tel manque de relief, probablement au moins 3 tons de moins selon moi.

Malheureusement, la suite confirme ce constat. Ni "Hungry", ni "Cry for Freedom", ni même les grands succès de l'époque tels que "Wait" et "All the Fallen" ne sont améliorés par les nouvelles versions, qui semblent maintenant être de simples chansons rock américaines sans prétention. Et que dire d'un de mes morceaux préférés de tous les temps, "When the Children Cry", où les arpèges cristallins de Vito Bratta fusionnaient avec émotion avec la voix androgyne de Mike. Ici, la guitare est remplacée par un piano assez classique, accordé beaucoup plus bas que l'original, tout comme la voix de Mike, qui a du mal à retranscrire l'émotion de l'originale... Je suis profondément déçu...

Attention, je ne dis pas que Mike Tramp est devenu un mauvais chanteur, sa voix est encore belle aujourd'hui et correspond parfaitement à son style très folk-rock dans ses albums solos. Cependant, elle n'a rien à voir avec celle de sa jeunesse, elle a du mal à atteindre les notes moyennes et devient légèrement éraillée sur la durée, ce qui dénature presque les titres d'origine. À mon avis, cela remet en question la motivation d'une telle relecture. Point positif tout de même, la production assez vintage, propre et bien réalisée rend véritablement hommage aux morceaux du groupe.

Les musiciens s'en sortent très bien dans l'interprétation des chansons de White Lion, mais ne parviennent pas à faire oublier que trente années se sont écoulées et ont malheureusement laissé des traces indélébiles. On regrette particulièrement le son du brillant guitariste Vito Bratta, qui était, avec la voix de Mike, l'essence et la signature de White Lion. En écoutant cet album, je me demande maintenant quel est réellement l'intérêt d'un tel enregistrement s'il rend la musique aussi fade et insipide.