CHRONIQUES ALBUMS

LA PHAZE est de retour sur album. Le groupe s'est imposé de 1999 à 2013 avec une musique aux inspirations diverses et variées. On y retrouve de la dub, du hip-hop, de la jungle et du ragga, le tout agrémenté d'une dose fondamentale de punk. Cela a donné un nouveau style, le pungle. LA PHAZE est donc de retour avec son premier album depuis 2011 sans avoir pris la moindre ride.

La production de ce nouvel EP ne pouvait évidemment pas être négligée. Il fallait de la puissance et de la clarté. A trois, LA PHAZE occupe un bel espace sonore. Les machines prennent une place prépondérante et la guitare saturée est parfois un peu en retrait mais jamais noyée. L'équilibre est parfait entre chaque sonorité. Histoire de dire tout de même quelque chose un peu moins flatteur, j'aurais peut-être souhaité un peu plus une grosse claque et un peu moins de propreté mais c'est sans doute mon côté métalleux qui parle. J'aurais peut-être fait le parallèle avec une production à la SIDILARSEN et cherché une production dans ce sens au niveau des guitares. Mais il ne faut pas non plus trop chipoter, cette production est déjà très bien comme elle est.

On attique cette série de 11 titres par « Comme David BUCKEL ». L'avocat activiste américain valait bien qu'on lui consacre une chanson. Cela pose les choses pour LA PHAZE, aussi bien du côté des textes que de la musique. Malgré la gravité du texte, l'ambiance reste puissante mais avec une certaine légèreté entrainante. L'esprit punk est bien là et on se laisse très vite embarqué dans ces sonorités. On poursuit avec « Avoir 20 ans ». Le rap est mis à l'honneur mais toujours avec ce côté rock omniprésent. Le mélange des styles est efficace et taillé pour le live. Avec l'absence de concerts dans l'hexagone il est certain qu'il faudra patienter pour bénéficier de l’énergie décuplée de ce genre de titre mais on imagine très bien l'effet que cela peut avoir. Un morceau tel que « Sourire au Teint de Glace » ou «  Tabasse » sont de bons exemples de ce que les français ont a proposer comme alternatives. Il y a du MASS HYSTERIA dans l'énergie de ces titres même si encore une fois LA PHAZE joue dans un registre moins metal. Il y a même un peu du dernier album de STUPEFLIP dans les rythmiques du chant de « Tabasse ». D'un autre côté le trio n'hésite pas à aller piocher du côté de la dub ou du reggae avec « One Way » et « Highly Blessed ». On poursuit avec deux titres aux sujets plus graves, « Sortie de Route » et « Haute Sécurité ». Mais même dans ces circonstances LA PHAZE n'oublie pas son intensité et sa bonne énergie. « Cogne » remet en avant les côté les plus rock du groupe. On a même droit à un bel invité sur ce titre à savoir Niko de TAGADA JONES. Le pungle est sans doute mis en exergue ici pour un titre franchement efficace. On revient à la dub avec « Liberticide ». On trouve encore un invité, Lasai. Deux invités, deux ambiances mais toujours ce tronc musical solide qu'a su entretenir le groupe depuis ses débuts et au fil des années. On conclue enfin avec « Visible » qui résume au mieux les inspirations et les thématiques du trio.

Ce retour sur album est pour le moins réussi. LA PHAZE sait où il va. Il faut dire que l'expérience les a amenés loin. Dommage que les concerts aient été suspendus jusqu'à nouvel ordre car sans aucun doute il s'agit bien d'un groupe taillé radicalement pour le live mais qui se défend avec honneur sur disque.