TORQUE Torque [ 2019 ] |
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CD Album Durée : 68 Style : Thrash |
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Chronique : 20 février 2019 , réalisée par guiyomm | ||||
Chroniquer cet album de Torque a constitué un défi particulièrement intéressant. Un dilemme temporel tendant vers l'insoluble : dans quelle temporalité se situer pour chroniquer, en 2019, un album initialement paru en 1995 ? Comment doit-on parler du style pratiqué par Torque ? Plutôt d'un thrash old school de bonne facture en prenant donc en compte uniquement l'année de parution, c'est à dire maintenant, ou parler d'un thrash plutôt groovy, dans l'air du temps en faisant dans ce cas un saut dans la Delorean pour se retrouver un peu plus de vingt ans en arrière ? Pas évident cette histoire... . Avant de démêler les fils du temps pour savoir comment se positionner vis-à-vis de cette réédition improbable proposée par le label Mascot Records, il serait peut-être judicieux de faire quelque rappels historiques, histoire justement de contextualiser la problématique. En 1992, Robb Flyn quitte Vio-lence (groupe de thrash formé en 1985) pour former Machine Head. Le chanteur du groupe, Sean Killian, quitte la formation peu de temps après (1994). Phil Demmel, guitariste, s'empare du manche (du micro) pour remplacer Sean et, avec ce qu'il reste des effectifs (changements de line-up très fréquents), dissout Vio-lence pour fonder un nouveau groupe au blase étrange : Torque. Torque, dont la vie musicale sera de courte durée donnera naissance à quelques démos et un album éponyme (« Torque » donc) en 1996. C'est cet opus qui fait l'objet de la présente réédition intervenant opportunément après le départ de Phil Demmel de Machine Head qui avait rejoint le groupe formé par Robb Flynn en 2003. Le contexte ayant été posé, passons au matériel sonore proprement dit. Pour résoudre simplement la dialectique impossible posée en début de chronique à savoir par quelle temporalité prendre le bout de l'album pur en causer, le mieux est de sauter dans la faille taillée dans le continuum espace-temps pour atterrir en 1996 puis revenir ensuite en 2019. En 1996, Torque est un album de thrash savamment construit et inventif au long fleuve où les quinze titres qui le composent permettent aux zicos de montrer toute l'étendue de leur palette technique et de leur créativité. On sent la maîtrise technique et l'expérience musicale des protagonistes de Torque qui proposent des plans mélodiques très directs mais variés avec en point d'orgue l'ossature rythmique. Très enlevée, travaillée, elle rebondie pour proposer des morceaux qui varient entre un thrash tirant sur le côté Hardcore (Forgotten, Dead you lay, Choking par exemple) et un trash plus groovy lorgnant sur le Power métal façon Pantera (H.L.S, Again, Pulled par exemple). A noter que la voix rauque de Demmel, qui si elle manque peut -être un peu de puissance se révèle parfaite pour le style (souvent doublée sur les refrains par des choeurs, incarnant parfaitement cette orientation par moments « hardcore »). Des solos injectés avec parcimonie, des riffs bulldozers, des speed et mid tempos juste comme il le faut, quelques passages syncopés, des motifs mélodiques de bon aloi, la démonstration stylistique est réussie. Hormis, et c'est dommage et difficilement compréhensible pour une réédition, une production faiblarde et brouillonne restituant mal la puissance de la musique pourtant très costaude, « Torque » est un très bon album. En 1996 donc, je kiffe vraiment ce disque. Mais en 2019, qu'en est-il ? Cet album, baignant « dans son jus », pourtant indéniablement de bonne qualité concernant le fond, sonne au mieux comme « old school » et si l'on voit les choses de manière un peu plus réaliste comme... daté. Avec tout le respect que doit un métalleux aux groupes fondateurs du genre, l'intérêt de cette galette, d'un point de vue purement artistique, apparaît limité. Pas de coup de massue, de frissons, d'étonnement particulier à l'écoute de « Torque ». Juste de la bienveillance, beaucoup d'estime pour ces gars qui ont fait un admirable boulot, avec peut-être une pointe de nostalgie... Pour conclure, cette réédition de « Torque » est surtout destinée à contenter les afficionados de la première heure et n'est donc pas vraiment indispensable. On peut la considérer avant tout comme une façon de rendre hommage à un groupe s'avérant être un témoin talentueux d'un courant marquant et important dans l'histoire du métal et d'une époque bouillonnante d'un point de vue créatif mais désormais révolue. |
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