CHRONIQUES ALBUMS

Le décor est parfaitement planté. Une route désespérément longue et droite s'enfonçant dans un paysage semi-désertique, un soleil de plomb distillant une chaleur moite et étouffante où un hors-la-loi armé et alcoolisé tente, au guidon d'une énorme cylindrée, de rallier un monastère pour échapper à la justice des hommes en s'en remettant au droit divin pour lui confier ses péchés. Voilà la thématique filée (pour plus de précisions, voir la biographie...) par les quatre titres formés par le deuxième EP que propose par le trio belge portant le même nom que le droit cité précédemment (divin pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi...).

Le stoner pratiqué par Droit divin (terrible ce patronyme!), s'il ne révolutionne pas le genre, s'avère d'être d'une qualité exceptionnelle qui laissera coît n'importe quel(le) amateur(e) de riffs crasseux et virils avec des morceaux assez longs (entre 3:50 minutes et 5 minutes) pour développer un arsenal sonore incarnant parfaitement le synopsis imaginé par la formation.
Calés sur une base rythmique alternant down et mid-tempo, les riffs sont gras et généreux, claquant et collant aux esgourdes, faisant mouche à chaque fois. L'architecture rythmique lourde mais néanmoins groovy met en avant sur tous les titres une basse proposant des motifs simples mais rentre-dedans, tendus, entêtants. C'est d'ailleurs cette simplicité idoine qui constitue le potentiel créatif du groupe. Mais attention !Ici la simplicité n'est pas synonyme de facilité mais de talent, de par l'accès direct qu'il donne à la fiction imaginée. Une musicalité accessible habilement construite autour de variations mélodiques convaincantes et accrocheuses où se pose une voix grave, râpeuse et puissante donnant envie de se rendre illico dans le bouge le plus malfamé du coin pour biberonner une bouteille de whisky avant de tailler la route 666. Car définitivement, comme d'autres chanteurs belges célèbres (je pense à Brel et Arno en l'occurence) les gars de Droit divin sont habités par l'histoire qu'ils racontent et nous embarquent avec eux dans cette aventure qui pue la sueur, le gazoil, la clope, la poudre à canon. De « Spoke in my wheels », nerveux, tendu qui ouvre la narration en vous mettant directement la tête dans le guidon à « Lust to dust » plus heavy, qui la conclue en convertissant de façon irrémédiable notre renégat, en passant par un « Wine from blood » plus noir et résigné basé sur un riff gluant à souhait et un « All whores » percutant et épique, le voyage est total.

« Our sins » se révèle donc être un album concept particulièrement réussi, impressionnant de maturité que tout servi par une production mettant remarquablement en avant les créations par le biais d'un mixage donnant la profondeur, la lourdeur et la chaleur nécessaires pour réussir ce voyage musical. Le seul regret est la durée de l'opus (forcément, quatre morceaux...) et j'aimerais à ce titre adresser une remarque au groupe en guise de conclusion : « les mecs, quand on est capable de composer une musique de ce niveau, on n'a pas le droit (même s'il est divin) de ne proposer que quatre titres, façon amuse-gueule, pour faire patienter des paires d'oreilles aux abois, on se doit de faire preuve d'un peu plus de générosité en balançant direct un LP ! »
A bons entendeurs...