CHRONIQUES ALBUMS

Parfois je suis un peu déçu par le statisme dans lequel le metal au sens large semble s’engluer. Je n’attends pas une révolution, quoi que je serai bien heureux de voir un nouveau courant émerger, mais simplement une petite fraîcheur, quelque chose de jamais entendu ou tout simplement quelque chose qui puise dans une base existante et la transforme, la manipule pour lui donner une nouvelle vie. Je ne repousse pas pour autant les genres déjà bien approfondis, les « classiques ». Je cherche seulement un nouveau souffle : peut-être que le metal gagnerait en se classicisant ? En allant chercher des formes musicales chez Bach, Beethoven et j’en passe ? Des parcours harmoniques dans le jazz ou le blues ?

A ces pensées, Vamacara vient me conforter dans l’idée que le metal peut aller chercher plus loin que le bout de son nez. L’EP du duo Allemand comporte en son sein une vraie recherche en termes de timbre, de sonorité, de techniques musicales. Le mélange stoner/black existe depuis bien longtemps déjà, mais comme je l’ai dit plus haut ils réinterprètent totalement le genre en y incorporant leur propre sensibilité. C’est simple, on trouve de tout : guitares saturées, en son clair, des breaks presque typées « core », des voix tantôt hurlées, growlées, psalmodiées… Il y a une vraie réflexion derrière cet EP : on le croirait pensé comme les quatre mouvements d’une symphonie si l’on oublie les tempi différents de ceux classiquement utilisés.

L’esthétique du CD est en totale adéquation avec la musique développée. On se trouve dans une ambiance mystique mais noire, emprunte de cultes plus ou moins éthiques. La musique développée par le groupe semble être l’épaisse fumée, le brouillard recouvrant les endroits que les musiciens nous peignent, seul le « temple du serpent » perçant la grisaille.

Y-a-t-il vraiment quelque chose à reprendre, à redire ? Je ne pense pas. Si ce « Mantras for the Manifold » se place comme le porte-parole du renouveau de notre genre, alors je signe de suite pour placer sur sa tête bien jeune la couronne de l’EP de l’Année !