"Quoi, y'a pas de chronique de Dark Ages ?!?"
C'est la première chose que je me suis dit en constatant l'incroyable vérité...Il était temps que j'arrive : D
On ne présente plus Soulfly...Le groupe, toujours emmené par le charismatique Max Cavalera, nous offre ici un album aux multiples facettes qui ne peut que faire mouche. Pour être tout à fait franc, j'avais de Soulfly l'idée d'un groupe à la musique primaire, aux riffs basiques, ce qui m'avait beaucoup rebuté au début. Forcément, au vu du niveau décevant de 3 et de Prophecy, on a le droit d'avoir des à-prioris. J'ai même mis du temps à écouter ce Dark Ages. Eh bien je me suis lourdement trompé, car le groupe montre ici qu'ils sont capables de bien autre chose.
Tout d'abord, l'intro CD. Je pense que cette intro de 48 secondes aurait dû être mêlée au premier vrai morceau, car en elle-même, elle n'a aucune utilité si ce n'est rallonger la playlist, comme si 14 morceaux n'étaient déjà pas suffisants...Titrée du même nom que l'album, c'est une courte plongée dans l'univers tribal qui traverse l'album. Les ambiances ne sont pas excessivement chargées, de simples nappes et de doux effets sonores vous appaisent faussement avant de laisser place à la rythmique ravageuse de Babylon.
Joe Nunez pond un martelage des plus secs et rythmés, simple mais ultra-efficace. Je dois avouer avoir été surpris par l'efficacité de cette rythmique qui se trouve ici au comble de sa tribalité et de sa puissance. Certes, ce n'est pas du Georges Kolias (Nile), mais ça a le sacré mérite d'être percutant à souhait. A la première écoute, et dès le refrain de Babylon, je me suis dit : "A tous les coups, la guitare va rester collée sur la grosse caisse tout le long du CD..." Eh bien non, la grosse caisse fait très bien son boulot, et l'impression d'un manque de complémentarité des instruments disparaît dès que le troisème morceau, I and I, commence. En fait, j'ai eu l'impression au cours de la première écoute que les compos suivaient un chemin sinueux mais qui finissait quand même par nous mener à bon terme : terminus, tout le monde descend, et on réappuie sur PLAY ! Le fait est que les morceaux sont bien plus diversifiés que ce à quoi on aurait pû s'attendre. On a droit à des riffs Death (Frontlines), à des ambiances à la gratte sèche (Soulfly V), à des passages très planants et typiquement « tribes » (Riot Starter, I And I)), mais tout cela ne fait que compléter la musique en elle-même. Les guests que l'on retrouve souvent chez Soulfly sont également au rendez-vous, et on à droit à des relents Thrash bien plus présents qu'avant, ce qui n'est pas pour déplaire.
Sur fond de hurlements secs et raclés, sans effets de gorge ni débordements inutiles, Max Cavalera délivre des riffs saccadés et grassement percutants. Lui et son accolyte Marc Rizzo, le sautilleur au sac-à-dos, dégaînent les déboulades techniques aussi vite que les mute lourds et agressifs. J'ai envie d'utiliser deux mots pour définir le jeu de grattes : primal, accrocheur. Le côté tribal est bien évidemment là, tant grâce aux ambiances lead qu'aux coups agressifs et rythmés de médiator. A remarquer le jeu du bassiste Bobby Burns dont les ronflements ne passent pas inaperçus, sans être pour autant omniprésents, ce qui pour moi est un plus. Ils peuvent être indépendants, au premier plan, et discrets lors de certains plans de gratte.
Au final, je retrouve un Prophecy en puissance, dont seul le meilleur a été gardé (c'est-à-dire pas énormément au vu du peu d'originalité et de la platitude de ce dernier). C'est beaucoup moins linéaire et répétitif, et c'est suptilement agrémenté de tous ces petits plus qui font que Dark Ages est un très bon album (à noter les deux derniers morceaux, assez longs mais très surprennants par leur côté ultra-planant et doux). Amateurs de saturation sonore, oubliez vos influences si vous n'avez pas encore écouté Soulfly, car cette galette possède ce que j'appelle un « espace sonore dégagé », dans le sens où rien n'est à mon sens mis en trop. Peut-être pourrait-on même le regretter...C'est vrai que j'aurais énormément apprécié perdre ce sentiment inexplicable qui me fait dire que l'équipe à Mr Cavalera pourrait apporter encore beaucoup à sa musique. L'écoute au casque révèle tout le jeu des basses et des rythmiques, et c'est là qu'on se rend compte que les mélodies sont lésées. Mis à part les incartades ambiantes, la mélodie est très peu présente, là où, savamment distillée, elle pourrait remplir l'espace sonore et apporter encore plus. Soulfly revient en force et frappe fort, mais il va falloir rattraper le temps perdu, c'est là où j'enlève le demi-point fatidique.
Le bilan est quand même très positif, et si vous avez envie de vous secouer la crinière sans faire mal à vos oreilles, mettez donc Dark Ages dans votre lecteur CD ; )
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