CHRONIQUES ALBUMS

Cinq longues années de silences, c’est dur à supporter pour les fans d’un groupe. Surtout dans le cas de Summoning qui, après un « Stronghold » (1999) monumental, m’avait un peu laissé perplexe avec « Let mortal heroes sing your fame » qui changeait quelque peu au niveau musical, avec des guitares très en retrait et une atmosphère générale moins réussie, sans parler du très déroutant « Lost tales », EP sorti en 2003 qui n’avait plus rien à voir avec le Summoning de jadis. J’etais donc très impatient de pouvoir écouter ce sixième album du duo autrichien énigmatique.

La première écoute ne m’a pas tout de suite convaincu, surtout à cause de l’intro dont la ligne principale est composée par une flûte aux sonorités bizarres. Mais plus l’album passe et plus on retrouve le Summoning de « Stronghold », voire même des album précédents, avec des guitares bien audibles et qui structurent l’ossature des morceaux avec des arpèges très mélodiques et une saturation extrême propre au black metal. Les percussions moyenâgeuse/tribales si propres au groupe sont toujours présentes et ont toujours le même impact que par le passé rendant les morceaux oppressants ou planants selon les mélodies créées par les guitares et l’ensemble de l’orchestration des diverses sonorités.

Ces sonorités justement, toutes issues d’un jeu au clavier, sont orchestrées de façon très complexes entremêlant diverses lignes mélodiques parfaitement complémentaires qui vont créer un paysage musical vraiment immersif. C’est justement ce qui fait la force de Summoning, et paradoxalement peut être en même temps ce qui rebutera certains. Les sonorités utilisées ainsi que les mélodies pourront paraître kitch, mais en ce qui me concerne, je trouve que ces orchestrations donnent un coté intemporel à la musique de Summoning, qui a conservé le même son depuis ses premiers balbutiements dans la musique atmosphérique.

L’album est très varié proposant des morceaux aux atmosphères très différentes plus ou moins sombres, planantes, inquiètantes. Les morceaux sont tous plutôt longs mais cette longueur est presque nécessaire car une fois plongé dans l’ambiance il est très désagréable d’en ressortir, comme on ressort difficilement d’un rêve. Car la musique de Summoning pour ceux qui ne la connaissent pas est vraiment parfaite pour laisser son imagination gamberger dans un monde fantastique rempli de forêts immenses baignées dans la brume, exactement comme la cover de l’album. En plus d’avoir créé un album parfait du point de vue musical, le groupe a même poussé la chose jusque dans le visuel.

Pour résumer cet album est un très bon album de Summoning aux ambiances très différentes de celle de Stronghold mais absolument réussies, beaucoup plus que « Let heroes… ». Ceux qui n’aimaient pas Summoning n’aimeront toujours pas. Pour les fans, vous pouvez vous jeter dessus les yeux fermés. Quant à ceux qui ne connaissent pas, cette musique est destinés aux amateurs de musique sombre et atmosphériques, à ceux qui aiment se laisser bercer par la musique pour ne plus penser au monde qui les entoure.