CHRONIQUES ALBUMS

Formé à Das Langed, le groupe suédois TOTAL INFERNO nous offre ici la réédition de leur premier album, ''Return of Evil Chaos'', sorti en 2015. Les amateurs de vinyles pourront se procurer chez Morbid Skull Records l'un des quelques 200 disques noirs et 100 d'un joli rouge transparent.

La musique du quatuor scandinave est un mélange constant de heavy, speed et death à travers une abondance de riffs mélodiques et efficaces.
Des éléments black métal à l'ancienne aussi se retrouvent principalement au niveau des vocaux, avec un chant typique du genre : des screams vintage à souhait ponctuant régulièrement la ligne de chant. Cette manière de chanter est visiblement la marque de fabrique de Jimmy Nilsson.

Mais qu'en est-il réellement de ce ''Return of Evil Chaos'' ?
L'album s'ouvre sur une introduction assez heavy et épique, tout en mélodie et efficacité. Ça sonne bien. Ça joue avec enthousiasme. Ça s'annonce bien. Au bout de 43 secondes, je secoue la tête. C'est gagné !

Nos vaillants suédois enchaînent sur « Super Antichrist » : gros riff d'intro, hurlement apocalyptique. Ça s'annonce sauvage et ça l'est. Le heavy se mêle au black et j'aime ça. C'est à la fois énergique et sombre, jubilatoire et malsain.

Sur le titre ''Raptor'', les grattes sont efficaces et le morceau reste un bon moment en tête. Elles sont mélodiques tout en gardant un côté accrocheur. Mais d'un coup, surgissent des chœurs de vikings qui me laissent perplexe. Pourquoi ? Je n'ai, certes, rien contre les nobles guerriers cornus venus du Nord, mais était-ce réellement nécessaire ? Bon, on dira que c'est mon manque de goût pour le power... En revanche, le petit solo de guitare final est fort sympathique.

''Soulless Storm'' est nettement plus furieux. Ici, point de valeureux vikings buvant dans le crâne de leurs ennemis : il s'agit de tabasser, assommer, massacrer. Le ton est donné ! C'est speed et sauvage. La batterie galope à fond et les guitares se lâchent avec des accents toujours aussi lyriques et mélodiques. En revanche, mon émotion retombe net avec le scream final qui ravira les fans de heavy old school, mais qui est vraiment, vraiment, trop daté à mon goût...

''Evil Black Fire'' est dans la même veine, mêlant les styles heavy, speed, thrash, death, power... Mais, mauvaise surprise, encore une chute hurlée et un peu aléatoire qui annihile mon émotion. Décidément, ce que je préfère pour l'instant, ce sont bien les parties instrumentales.

Pour ''Bloodshed'', on commence à reconnaître les habitudes du groupe : gros riff bien posé sur une batterie martiale. C'est efficace à défaut d'être vraiment original. On retrouve donc dans ce morceau, les ingrédients de prédilection du combo suédois. Et toujours ces accents heavy à la voix...

''Speed Metal of Death''  est un morceau toujours aussi speed dont la partie instrumentale centrale séduira les guitaristes.

''Unpleasant Catacombs'' me fait penser à du bon vieux Loudblast. On se croirait retourné à la (bonne vieille ?) époque des années 90 surtout du fait du mixage/mastering volontairement old school.

''Speech'' : morceau introduisant le morceau final, sans intérêt particulier.

En revanche, l'ultime morceau, ''Return of Evil Chaos'', est une avalanche de riffs hargneux et tranchants tout en restant jovial et primesautier. L'ultime baffe du groupe avec un refrain asséné de manière à être repris par le public, à condition de boire sa bière dans le crâne de son ennemi ou, à défaut, dans une corne de bouc !

On l'aura compris, à défaut d'être original, TOTAL INFERNO nous offre ici un album débordant d'énergie. Ce qui freine mon enthousiasme réside surtout dans le mixage général ultra vintage et en particulier le traitement du chant. Celui-ci gagnerait (à mon avis) à être travaillé de manière plus moderne pour enfoncer plus efficacement le clou. Il en séduira certains mais ne manquera malheureusement pas d'irriter ceux qui ont du mal avec le bon vieux chant heavy ou black très (trop?) old school. Les fans de thrash, speed, power, heavy etc. y trouveront probablement matière à secouer vigoureusement la tête si ce mélange permanent de styles ne les coupe justement pas dans leur élan.
Affaire à suivre...