CHRONIQUES ALBUMS

Les choses sont parfois bien faites. Nous voici en automne, les arbres adoptent cette couleur de rouille caractéristique et la morsure du vent, glaciale, typique en cette saison, se fait de plus en plus douloureuse. Voilà donc pour vous la chronique d’un groupe qui propose la bande son idéale pour coller à l’ambiance du moment.

Two Faces of Autumn est une réédition des deux premiers albums du duo ukrainien Autumnia, In Loneliness of Two Souls, sorti en 2004, et By the Candles Obsequial, qui date de 2006.
L’objet est un double digipack, très sobre, avec le logo comme unique illustration. L’aspect épuré qui détermine le support retranscrit bien la musique d’Autumnia, à la fois minimaliste et à certains moments, plus fournie, mais évoluant toujours au travers d’une continuité dénuée de dynamique.
Portée par deux musiciens, Alexander Glavniy, homme à tout faire et Vladislav Shahin, parolier et vocaliste, la vocation de la formation doom death est de vous transporter vers d’autres sphères, des dimensions oniriques où la mélancolie côtoie une forme de célébration gothique de la solitude.

Ce voyage au-delà du sensible, soyons franc, ne plaira pas à tout le monde. Les titres présents sur les deux disques sont longs, en moyenne entre 7 et 10 minutes, et le développement musical se fait au travers de mélodies de guitares, de riffs lancinants renforçant le caractère dépressif développé tout au long de l’écoute.
Cette drone music ambiante se décline dans le cas présent au travers d’un doom léché, soutenu par des synthés et une boîte à rythme au groove hypnotique. Le chant guttural se marie bien avec l’instrumentation. Celui-ci, lorsqu’il intervient, ajoute un côté organique à la froideur de l’accompagnement. Du chant féminin est également présent et des voix claires apportent de la variété à l’ensemble.

De longs passages instrumentaux composent ce double CD, à grand renfort de sons divers et variés. Arpèges déprimants, guitare distordue et lugubre, nappes fantomatiques, l’univers sonore, parfois incantatoire évoque l’isolement, la déprime, le désespoir et la poésie macabre.
En ce sens Autumnia réussit à conférer à sa musique de la cohérence au travers de son atmosphère lancinante, progressive et pesante.

Il y a peu de différences entre les deux disques, tant au niveau de la production que du style. Peut-être pouvons-nous considérer une meilleure gestion des climats dans By the Candles Obsequial, dont le contexte est plus sombre et schizophrénique, avec un travail sur les compositions mieux réfléchies et une production, il faut le reconnaître, qui met réellement en valeur l’instrumentation.

Amateurs de draps de satin noirs, de Baudelaire, de chandeliers dégoulinants de cire, vous qui, tout petit déjà, aviez une attirance particulière pour la belle au bois dormant, voici une bande son adaptée à vos exigences mélodramatiques.
Autumnia a développé, au travers de ces deux albums depuis longtemps sold out, un art tourmenté, propice au recueillement et à l’introspection.
De ce fait, la réédition que nous avons là est bienvenue, Merci Solitude Productions.
Un dernier avertissement, cet objet est destiné aux fans de dark atmosphérique seulement. Pour les autres, il vous sera sans doute difficile d’adhérer à l’univers pourtant subtil des Ukrainiens, je vous ai prévenus.