INCAUDAVENENUM HEIR SPECTRALE
IN CAUDA VENENUM - HEIR - SPECTRALE [ 2016 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 50.28
Style : Post-black metal
  Infos :
  Contact label : http://www.lesacteursdelombre.net/productions/
  Contact groupe : http://www.lesacteursdelombre.net/productions/v2/product/heir-in-cauda-venenum-spectrale-split-cd/ https://ladlo.bandcamp.com/album/split
 
Pavillon 666 - metal rock webzine Pavillon 666 - metal rock webzine ORIGINALITE
Pavillon 666 - metal rock webzine
TECHNIQUE
Pavillon 666 - metal rock webzine
PRODUCTION
Pavillon 666 - metal rock webzine
EMOTION
Pavillon 666 - metal rock webzine
  Chronique : 04 septembre 2016 , réalisée par blacklakenidstang
   
Les Acteurs de l’Ombre, exceptionnel label qui fait régulièrement découvrir au public orienté post-black metal les joyaux (principalement) français du genre, nous a encore fait une belle surprise cet été.
Il faut dire que la création de la subdivision Emanations induisait de fait un panel plus large encore de groupes et d’expérimentations musicales à partager.

C’est donc le mois dernier qu’Emanations nous a présenté un split, composé de trois groupes pour sept morceaux, qui en aura fasciné plus d’un… et notamment les fans de l’extraordinaire série culte Twin Peaks.

Pour évoquer le contenu de ce split, j’ai choisi de m’intéresser à chaque groupe les uns après les autres, dans leur ordre d’apparition.

SPECTRALE est ainsi le duo, composé de Jeff GRIMAL (The Great Old Ones) et Jean-Baptiste POUJOL, qui ouvre le split.
Si ce groupe ne représentait pas une découverte en tant que telle pour moi, dans la mesure où je suis l’art de Monsieur Grimal sous toutes ses formes depuis mon coup de cœur pour le chef d’œuvre My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn), j’ai été saisie par la beauté et la profondeur des titres présents sur le split mais également par les souvenirs personnels que ceux-ci ravivent.

Le premier morceau, "Sagittarius A", me ramène en effet dans mon enfance et mon adolescence… derrière mon PC, à jouer à Diablo/Diablo II. Clairement, ce titre me fait penser aux compositions acoustiques de Matt Uelmen : "Sagittarius A" a tout d’un thème qui aurait pu se greffer à un niveau de jeu de la trilogie, dans un cloître sombre, dans un dédale de couloirs étroits et tortueux… L’atmosphère froide du morceau et la répétition des riffs semblent transparaître une émotion de peur paranoïaque absolument fascinante.

Le second morceau de Spectrale est foncièrement différent : il a ce côté onirique apaisant qui donne un souffle agréable au split. Il faut dire qu’il me fait penser à des mélodies d’Eddie Vedder dans la bande originale d’Into the Wild. C’est ainsi que toute la première partie du morceau m’apparait comme un paysage sonore de terres étendues solitaires... avant de me surprendre en me donnant l’impression que la guitare acoustique est tombée entre les mains du magicien pacifique John Butler (à l’heure où il était encore inspiré) alors que le morceau s’élève, par la richesse de riffs chaleureux et tourbillonnants.

Enfin, "Crépuscule", malgré ses similarités avec les compositions de Matt Uelmen, se distingue également des précédents titres par ses sublimes influences flamenco.
La musique acoustique expérimentale de Spectrale est donc exceptionnelle par sa richesse et sa variété, s’autorisant toutes sortes d’influences et d’atmosphères. Mais elle se détache surtout par sa finesse et son incontestable beauté…

HEIR est, quant à lui, le second groupe à apparaître sur le split, et le seul que je ne connaissais pas auparavant. Il s’agit d’un quintet toulousain dont le style musical est bien plus traditionnel pour un groupe signé par Les Acteurs de l’Ombre et sa subdivision.
Le groupe évolue ainsi dans un black metal agressif entrecoupé de passages plus calmes orientés post-rock.
Si, par ces trois premiers morceaux, le groupe ne parvient pas à marquer une personnalité propre et précisément identifiable, tous comportent des passages très intéressants, notamment "Upon the Masses" qui se détache en particulier avec son passage dissonant et ses mélodies lancinantes et "Descent" avec sa lente et angoissante introduction.
J’attends ainsi avec impatience l’album de ce groupe toulousain afin de le découvrir plus en profondeur et dans un contexte plus favorable à cette jeune formation, à savoir dans un contexte où celle-ci ne sera pas dans l’ombre du talent de Spectrale et du thème revisité de Twin Peaks…

Car je dois bien l’avouer, la raison principale de mon excitation quant à ce split était l’interprétation du thème de Laura Palmer dans Twin Peaks, composé par Angelo BADALAMENTI, par IN CAUDA VENENUM…
Il faut dire qu’au-delà de l’atmosphère unique qui se détache de cette série des plus étranges et sombres, l’un des éléments que j’ai le plus apprécié dans cette série est précisément la musique, qui colle à merveille à la situation sinistre de la ville et de ses habitants en apparence bien paisibles.
Une interprétation metal ou black metal de ce thème-ci aurait, dans tous les cas, éveillé mon intérêt ; mais savoir qu’elle était effectuée par In Cauda Venenum m’a de suite fait penser qu’elle serait très réussie.

En effet, l’année dernière, en chroniquant Ωlpha/Θmega, j’ai utilisé ces termes : « In Cauda Venenum réussit toutefois dès son premier album à se démarquer puisque le duo parvient à maintenir un équilibre parfait entre un ambient très marqué et maitrisé, de superbes mélodies et une omniprésence de raw black blastant ». C’est donc cet équilibre parfait que j’attendais de cette interprétation…

Or, "Laura Palmer, Agonie à Twin Peaks" représente tellement ce parfait équilibre, qu’il m’a fallu réécouter le thème d’Angelo BADALAMENTI pour être sûre de ne pas être en train d’écouter l’original simplement rejoué par In Cauda Venenum. Vous l’aurez compris, par là, j’entends que la réussite est à ce point prodigieuse que j’ai l’impression d’entendre le thème initial et non une interprétation du thème à peine modifié, chose impossible puisque l’intégration des éléments abrasifs black metal est profonde.
Les cris semblent d’ailleurs avoir toujours été présents. Au fond, ne sont-ils pas intrinsèquement liés à l’histoire et donc ne manquaient-ils pas dans le thème d’origine ?
Enfin, la collaboration du groupe lyonnais avec le violoncelliste Raphaël VERGUIN (Psygnosis) est, bien sûr, l’une des clefs primordiales de ce succès, son instrument apportant au morceau l’ambiance dramatique mais mélancoliquement gracieuse nécessaire pour raconter l’histoire tragique de Laura Palmer.

Cette réinterprétation fascinante est une pure gemme. Tout est parfait et l’est davantage encore à chaque nouvelle écoute.

Une nouvelle fois, merci aux Acteurs de l’Ombre, votre travail est admirable...







AUTRES CHRONIQUES DU MEME GROUPE