CHRONIQUES ALBUMS

Headcharger déboule cette année avec leur cinquième bolide « Black Diamond Snake », et contrairement à ce que la pochette pourrait faire penser, ce n'est pas une vulgaire Citroën « Traction » customisée et remise en état par un collectionneur lambda, c'est une propulsion atomique dosée de napalm et de fusion nucléaire entremêlées.... Bref, les Normands n'ont encore pas fait dans le glam-rock et nous livre un brûlant album, diffusant à profusion leur excellent stoner-rock des familles...

Et là, d'entrée, j'ai une requête !! Pourquoi n'a-t-on pas droit à ce genre de musique sur nos ondes radio françaises embourbées de pop-music ultra-commerciale et de variété française et de chansons soi-disant « à textes » ? Plutôt que de nous bassiner tous les jours, aux mêmes heures, avec les sempiternels « Roxanne », « With or without you », « Hold the line », « Mon fils ma bataille » ou encore « Il suffira d'un signe » ou « Encore un matin » de nos légendes musicales bien-aimées et parfois enterrées, plutôt que de se résigner à écouter les 40 mêmes pourcentages de musique française à diffuser obligatoirement, pour quoi pas un bon Headcharger le matin pour aller au boulot ? Juste de temps en temps, pour changer d'univers et de perspective ? Je vous assure que beaucoup plus de gens auraient la banane et seraient plus motivés à passer une super journée productive et avec le sourire...

Fermons la parenthèse, cet album est en effet dans la lignée de ce que le groupe sait faire de mieux, leur bon heavy-rock teintée de lourdeur à faire pâlir les Spiritual Beggars ou même les regrettés Type O Negative, avec une production un poil trop linéaire et compressée, ce qui engendre parfois quelques oppressantes sensations cotonneuses sur la batterie (« Land of Sunshine », « Blazing Star »...). Et que de bonheur d'entendre un chanteur sachant vraiment chanter tout au long d'un album, sans hurler, sans s'époumoner pour rien, sans tenter d'atteindre ses limites vocales sans aucun intérêt. Le timbre et la façon de chanter de Sébastien Pierre sert les morceaux à merveille comme les fabuleux refrains de « The Diver » ou encore « Backtracking »... Le ton général est gras, enfoui dans la terre et la boue, dû aux riffs sous-accordés de guitares et influencés par une basse ronde et ronronnante comme un gros chat bien installé sur son coussin.

Alors les chansons fusent, comme ce bolide sus-cité, lancé à une vitesse grand V et régulière, décrottant quelques mottes de terre, arrachant quelques morceaux de bitume, coupant les arbres sur son passage comme s'ils n'avaient jamais existé, exhalant une odeur de caoutchouc chauffé par le crissement des pneus sur le Highway sans fin.

De temps en temps, une petite pause s'impose, « Heads up », histoire de chanter un peu de mélodie et de recharger la bestiole et on repart de plus belle avec « One night Stand » qui fait étrangement penser grâce à cette voix grave et articulée à l'extrême à du bon vieux Midnight Oil, et « I wanna see you die », quitte à devenir un peu trop linéaire sur la longue route dessinée à l'infini. « No Fate » et « Blazing Star » nous essoufflent un peu, comme pour mieux préparer la ligne d'arrivée et mettre tout le monde d'accord avec le point final du disque, « Time Rider » dont le refrain ne va pas nous quitter de si tôt...

Un bien bel album que ce Black Diamond Snake, qui accompagnera vos moments d'ennui et de voyage mental éveillé, comme si la musique de Headcharger était nécessaire pour toute âme qui se pose des questions sur l'existence et rêve d'un autre monde... Le message serait, et ce n'est qu'une interprétation toute personnelle bien évidemment : « Va de l'avant, mon gars, la route est longue et semée d'embûche, mais si tu es déterminé et courageux, tu feras voler tous les obstacles et continueras ta route sereinement.... » C'est en tout cas ce que m'inspire ce groupe. Il y a du talent en France, et pas que dans « The Voice » ou « Incroyable talent », alors sans être stupidement patriotes ou chauvins, soutenons-les, parlons d'eux, allons voir leurs concerts et achetons leurs albums ! Que la France underground fasse jaillir sa bonne musique et fasse enfin de l'ombre aux médias généralistes qui pourrissent et conditionnent le cerveau de notre jeunesse paumée et trop gâtée, une fois pour toute !!