CHRONIQUES ALBUMS

32 ans après leur tout premier album, ce groupe aux multiples changements de personnel, mais ayant accueilli la pointe du rock progressif anglais (Steve Howe de Yes, Carl Palmer de ELP, John Wetton de King Crimson et Geoffrey Downes de Yes et The Buggles...), nous sort un nouvel opus intitulé « Gravitas », offrant tout le panel qu'un groupe de cette stature et cette longévité pouvait nous offrir. La force tranquille...

Steve Howe n'ayant pas rempilé cette fois-ci, trop pris par Yes et sa carrière solo, c'est le tout jeune Sam Coulson qui a l'honneur de jouer de la six-cordes, et il s'en sort avec les honneurs, n'ayant rien à envier aux meilleurs du genre...

Chez Asia, on vogue au gré des nappes de cordes flamboyantes et de l'orgue Hammond presque omniprésent tout au long de ces neuf morceaux de rock mélodique de grande classe, accompagnés par la toujours aussi belle voix de John Wetton qui prend une certaine chaleur avec les années.

Malgré mon amour inconditionnel pour le prog en général, je n'ai jamais vraiment accroché sur Asia, les trouvant toujours trop « pop » et gentillets et pas assez énervés et inspirés. Cet album reste dans cette continuité, avec ses refrains aux chœurs studio parfaits, grandiloquents et un peu longs (« Valkyrie », « Nyctophobia », « I would die for you »), semblant combler le manque de composition par 20 refrains répétés à la suite.... un peu lassant sur la longueur, ce qui fait qu'on a souvent envie de zapper les fins de morceaux pour aller aux suivants.

Certains morceaux s'en sortent mieux grâce à l'inventivité des accords de claviers et des soli de guitares (« Valkyrie » et « Russian Dolls » avec un très fin chorus de basse de l’ami John et dont le refrain tente un petit côté « manège maudit » du plus bel effet) et les arrangements symphoniques du début de « Heaven help me now » nous font dresser les poils pendant quelques minutes. Il y a du plus progressif par moments, comme sur le beau morceau à l'excellent refrain « Joe DiMaggio's Glove » et le morceau de clôture « Till we meet again » aux accents d'épilogue un peu drastique...

Cet album se laisse écouter, les mélodies sont belles et les sons gentils, les musiciens aussi sages qu'à leur habitude, ne débordant jamais sur un coup de folie, un break furieux asymétrique n'aurait pas été de trop (pourtant, c'est Carl Palmer qui tient la batterie)... « Gravitas » contient tout ce qu'il faut pour faire un superbe disque, mais reste gentiment dans les rails, sans esbroufe, tranquille, bon élève, sans perturber les esprits... Bref, un bon album d'Asia (un tel groupe ne peut décemment plus faire de mauvais album, c'est impossible vu le niveau des mecs...), qui ravira les fans du genre, et qui laissera à nouveau les autres de marbre...