ABORYM Dirty [ 2013 ] |
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CD Album - Digipack Durée : 49.15 Style : Industrial black metal |
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Chronique : 24 juin 2013 , réalisée par Nebelgesang | ||||
ABORYM célèbre depuis plus de vingt ans les ruines enfantées par la modernité… les oripeaux malingres de la société industrielle… et l’immoralisme ambiant… ABORYM se rit de l’immondice grouillant, suintant par tous les pores sa logorrhée incessante. Et à chaque album, ABORYM fait son miel des excréments de machines désirantes… de machines inélégantes, perdues entre deux mondes dystopiques. Depuis près de vingt ans, donc… incorporant à son black metal, et ce de plus en plus, maints éléments indus… samples, bruits, artifices divers et variés… ABORYM illustre cette fange goguenarde qui s’étend sous nos yeux hagards… et en fait ses nutriments (avariés), sa teinte et sa musique. Mais qu’en est-il à présent ? Deux ans et demi après « Psychogrotesque » voici donc venu le temps d’un sixième album… bien nommé pour l’occasion, en accord avec ce qu’il exprime et décrit : « Dirty ». Contrairement à son prédécesseur, point d’album conceptuel… mais un retour à l’immédiate brutalité, à la sauvagerie mécanique… "machinique"… que les thuriféraires du trio louent depuis leurs débuts. Ici, nul reniement, nul retour à un passé désormais mort et enterré… Dans « Dirty » la continuité est de mise, et les amateurs des travaux récents ne seront donc pas déboussolés. Car ABORYM fait de l’ABORYM des racines jusqu’au bout de ses phanères crasseuses. En effet, des premiers soubresauts du titre liminaire, « Irreversible Crisis », jusqu’aux ultimes murmures de guitares et de synthé de « The Day the sun stopped shining »… un seul message de nihilisme et de négativité s’exhale. Et pour l’hypostasier, la formule habituelle : Un mur sonore constitué de guitares saturées, d’une basse froide… froide… mais présente, la batterie de Faust qui se fait infiniment inhumaine, parfois couplées à des beats de boite à rythme synthétiques comme il se doit dans pareil univers… À tout cela s’adjoignent les lignes vocales de Malfeitor Fabban, oscillant entre les geignements éraillés et les plaintes chantées… ainsi que les multitudes de samples et d’échos synthétiques… lesquels accroissent encore la pesanteur de cet horizon spectral. Dans les règles de l’art, donc, la musique d’Aborym arbore des couleurs ternes… livides… s’articule autour d’une architecture épurée… bien que travaillée de main de maitre… faisant de l’ensemble un édifice sur lequel son metal noir se décompose, s’insinue… progressivement. Un mot d’ordre : « This world wants to fuck you ! » Et chaque minute de « Dirty » est là pour le rappeler. Il s’agit dès lors d’ingestion, de digestion, de quantités de matières fécales. Et ABORYM s’est vraisemblablement donné bien du mal pour l’illustrer. Aussi faudra-t-il, pour l’auditeur concerné, d’effectuer ce même effort, long et coûteux, d’ingestion et de digestion. Car l’œuvre est rude, parfois ingrate (ou même imparfaite). Quoiqu’il en soit, travaillant au corps l’austérité d’un espace désincarné, inesthétique, ce « cyber » black metal joue sur les transitions, les tensions rythmiques… les breaks atmosphériques aux allures cinématiques (cf. notamment le superbe « « Across the universe »), ou les brutalités épileptiques de cordes avec soli à la clé. Tout en mesure et en tension, « Dirty » constitue une indéniable réussite, pour peu que l’on adhère au projet de ces trois briseurs de son, de ces trois bidouilleurs de spectre et d’estomac. Alors certes, diront les éternels boudeurs… monolithique, intense, frénétique… ceci est un album d’ABORYM sans suprise, mais quoi ! Il n’en demeure pas moins fascinant. Une réussite pour les thuriféraires, une curiosité pour les profanes. En revanche, le second CD… constitué de reprises et de réenregistrements (notamment du classique « Fire walk with us ») est bien plus anecdotique… d’autant plus que la qualité desdites reprises fluctue entre le passable et l’horreur (« Hallowed be thy Name » de qui vous savez… est un échec retentissant dans l’adaptation indus)… Il eut probablement été plus sage de s’arrêter à la très bonne impression laissée par « Dirty »… le vrai. |
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