CHRONIQUES ALBUMS

ASPHYX est un groupe originaire de Oldenzaal aux Pays-bas qu'on ne présente plus. Pour tout ceux qui auraient vécu dans une grotte ou coupé du monde depuis la fin des années 80, un petit retour en arrière s'impose donc. ASPHYX s'est formé en 1987 et se compose de Martin Van Drunen au chant, Paul Baayens à la guitare, Bob Bagchus à la batterie et Alwin Zuur à la basse, et pratique un "death-métal old school" sans fioritures, enrobé de "doom". Le combo marquera les esprits dans les années 90 avec notamment les albums "Embrace the death" (1990) et "The rack" (1991), puis il s'en suit différents opus de qualité moyenne jusqu'à une cessation d'activité en 1999. C'est après une pause de 10 ans qu'ASPHYX revient avec l'excellent "Death...the brutal way" (2009) et le tonitruant double live "Live death doom" l'année suivante. ASPHYX nous revient avec sa nouvelle cuvée 2012 "Deathhammer", et au vu de la pochette, elle s'annonce sombre et brutale.

Sans aucune somation "Into the time wastes" commence et tout ce qui fait ASPHYX est bien présent, à savoir un "death-métal" direct et sans concession, simple et efficace, très "old school". Puis arrive "Deathhammer", du même acabit, qui nous promet des séances de headbanging intenses. Le mixage signé Dan Swanö est très typé et rappelle des groupes comme ENTOMBED OU DISMEMBER dans les années 90 mais colle parfaitement à la musique. La voix si particulière de Martin Van Drunen, qui est une sorte de mix entre George Fischer de CANNIBAL CORPSE et John Tardy de OBITUARY, est bien mise en valeur. Les musiciens ne sont pas en reste et exécutent les morceaux comme si leur vie en dépendait.

Puis l'autre face de ASPHYX ne tarde pas à apparaître. En fait, le quatuor a la particularité d'ajouter une bonne dose de "doom" à son "death-métal" dévastateur. C'est chose faite sur le troisième titre "Minefield", morcau épique, lourd à souhait, dégageant une atmosphère très morbide, mais à l'inverse de la majorité des groupes de "doom", on ne s'ennuie pas une seule seconde. L'ensemble du disque est une alternance entre la sauvagerie "death" comme "The reign of the brute", "Vespa Crabro" ou "Of days when blades turned blunt" mais aussi les titres sus-cités "Deathhammer" et "Into the time wastes", et "doom" pachydermique avec une mention spéciale à "As the magma mammoth rises" qui conclue l'album de fort belle manière.

Chaque morceau est efficace et possède une personnalité forte, l'agencement des titres est aussi très bien pensé, "Deathhammer" est un ensemble dense et homogène qui s'écoute d'une seule traite. Nous avons l'impression d'avoir été jeté au milieu d'un champ de bataille, entouré d'explosions plus massives les unes que les autres, dont la seule issue est celle de ramper dans la boue en entendant les balles siffler au dessus de nos têtes.

Des défauts, me direz-vous? Et bien, en étant pointilleux, je dirais que ASPHYX joue la sécurité en restant cantonné à ce qu'il sait faire de mieux, le "death-metal old-school", mais force est de constater qu'ils le font très bien, et que la voix unique de Martin Van Drunen peut en rebuter certains.

La cuvée 2012 de ASPHYX est un millésime d'exception, et "Deathhammer" est un énorme pavé qui fera date dans la mare "death-metal". Après 25 ans de carrière, ASPHYX sort probablement son meilleur album à ce jour, dont le potentiel ravageur ne demandera qu'à exploser en live. Les musiciens font preuve d'une hargne qui pourrait être montrée en exemple à bon nombre de groupes de "death" dit "moderne" et mention spéciale à Martin Van Drunen dont la voix fait ressortir toute la personnalité du combo. Certainement l'un des albums de l'année, la qualité du skeud justifiera largement son achat.
Du très grand art!!!