CHRONIQUES ALBUMS

Trois ans qu'on les attendait! "Elements" présent sur leur site depuis déjà Février 2011, l'attente fut longue, trèèèès longue, et l'annonce de la sortie d'"Awaken The Reason" en 2012 avait de quoi rendre encore plus nerveux tous ceux qui avaient suivi le groupe depuis leur première cartouche qu'était "First Call - Last Warning". Ils aiment les surprises nos frenchies, et se ramasser une collection d'éloges en tout genre pour un "Self-Injected Reality" ne leur avait aucunement mis la pression, peaufinant leur "Death technique" épileptique et racé dans le paysage français.

Pour ceux qui n'auraient pas eu le bonheur d'écouter leurs deux bombes atomiques, c'est le moment de vous rattraper, et je vous offre en cadeau un petit topo global de ce que la musique d'OUTCAST contient.

Vous venez de passer une sale journée et avez envie de bouffer de la viande crue, tout en massacrant votre voisin à coup de pelle et son chat à la tronçonneuse? Vous avez une furieuse envie de "Death" brutal et bien gras, atteignant un niveau de QI proche d'un verre de terre sous morphine? Nul doute que l'ultra technicité d'OUTCAST vous fera l'effet d'un bon laxatif. Comme d'habitude, les changements de plans incorporant moult riffs, passages jazzy, breaks qui partent dans tous les sens suivis par des solos tordus et autres bidouillages mélodiques sont de la partie, ce cocktail explosif étant désormais la marque de fabrique de nos Parisiens qui n'ont rien à envier à un MESHUGGAH en grande forme.

Vous aimez les grattes? Les riffs démentiels par paquet de douze devant une production à faire pâlir les plus grosses industries, le son trop sec de la batterie désormais totalement ajusté et incorporé au reste? Vous en aurez largement pour votre compte, OUTCAST manie ses riffs avec une telle intensité et une telle puissance qu'il est impossible de ne pas se fracasser les dents devant ce mur sonore et l'inventivité sans bornes du groupe qui arrive à maintenir un fond de brutalité palpable, malgré les déstructurations labyrinthiques constantes dont "Awaken The Reason" fait l'objet.

Trop chaotique et agressif? Deux secondes, et OUTCAST entreprend un travail mélodique pointu et distillé avec finesse tout le long de l'album. Placer une intro accoustique montant progressivement jusqu'à un déballage de riffs meshuggesques déstructurés ("What Would Be My Final Commitment ?")? Allier passages atmosphériques et aériens façon TEXTURES (dont les influences atmosphériques se font délicieusement sentir sur "Isolation" ou "Abysmal") en plein milieu d'un riff pelleteuse? Se coltiner un titre progressif et complexe -enfin, plus que les autres, quoi- avec des structures jazy-freestyle qui déboulent d'on ne sait-où ("Awaken the Reason - Part XI : Reprise" )? C'est tellement simple pour OUTCAST, qui, s'il ne surprend pas outre-mesure avec ce troisième full-length, un peu moins typé “je pars dans tous les sens et je n'en ai rien à cirer, débrouillez-vous pour suivre” que les deux précédents, impose et confirme un travail impressionnant au niveau de la mise en place des atmosphères et du déballage technique débordant de toutes parts, juste un peu trop indigeste si l'on ne prend pas tout le recul nécessaire.

"Awaken The Reason" ne dérogera pas non plus à la règle de l'instrumentale en totale opposition avec le reste, et me fait espérer qu'un jour le groupe sorte un album uniquement composé de sonorités comme celles-ci (on pourra le trouver dans tous les supermarchés au rayon calme et détente, ce sera plus pratique à dégoter).

Donc, pas de surprises? Si peu, mais en tout cas un point qui finira de fermer le clapet à tous les détracteurs du groupe, c'est le chant de Wildfried qui a progressé d'une façon exemplaire. Si l'on pouvait lui reprocher son chant hurlé par trop stéréotypé et manquant de puissance dans les livraisons précédentes, le bonhomme s'est ici considérablement amélioré, utilisant maintenant plus de variations dans son chant hurlé au détriment-malheureusement, mais c'est à titre personnel-du côté "Death Metal" qui est ici mis entre parenthèse, excepté sur "A Solace from the Shade" bien expéditif et plus rapide que le reste. On trouvera même un étonnant chœur en chant clair sur Spin "Angular Momenta", après un déballage de vitesse et de schizophrénie vocale en tout genre, c'est vous dire le travail monstre exécuté ici par Wilfried et consorts. Mais bon, là je commence à me répéter, et il va être temps de passer à une petite conclusion de tout ce joyeux fatras.

Histoire de finir en beauté, l'artwork est pour la troisième fois signé d'une main de maître par B-Lial, et OUTCAST n'a désormais plus rien à prouver (mais avait-il eu besoin de le faire depuis même ses débuts?). Les allergiques aux grosses prods modernes et ultra-techniques feront un détour de 300 km, les autres désirant voir ce que talent et maîtrise veulent signifier, peuvent sans attendre se pencher sur cette sortie française qui se place en fer de lance d'une scène remplie de groupes (d)étonnants, aux côtés de TREPALIUM ou GOROD. Il faudra juste être encore un tout petit peu patient et attendre la sortie officielle prévue pour Février 2012.