CHRONIQUES ALBUMS

GWAR existe depuis 1985 et croyez moi, 25 ans d’existence ce n’est pas rien pour un groupe comme celui-ci. Même si tout cela ressemble à une grosse blague, il faut reconnaitre que ce groupe continue d’exister sans faire aucune concession. Leur univers est à la fois burlesque, très riche en hémoglobine et un tantinet provocateur. Il n’y a qu’à aller chercher des vidéos du groupe pour s’en rendre compte. Les costumes, la scène surchargée de gadgets, les figurants/danseurs et le spectacle hallucinant ne peuvent définitivement pas vous laisser indifférent. LORDI avait provoqué la polémique en gagnant le concours de l’eurovision mais honnêtement à côté de GWAR, ces gars-là font pâle figure. Mais GWAR, ne l’oublions pas, ce n’est pas que du visuel, c’est aussi de la musique, de la bonne musique même. « Bloody Pit Of Horror » est leur douzième album studio et rien ne semble arrêter la machine à hémoglobine en latex.

La production de l’album est tout à fait dans la lignée de ce que fait le groupe depuis quelques années. C’est propre et assez efficace mais pas forcément surpuissant. Le groupe pourrait gagner à ce niveau. On sent néanmoins la petite touche de nouveauté qui se situe au niveau de l’utilisation de guitares huit cordes. On se demande bien pourquoi Dino CAZARES de FEAR FACTORY a lui-même une signature huit cordes. Il est clair que ce son particulier apporte une touche nouvelle sur ces enregistrements. Pour le reste des instruments, on ne notera pas d’évolution particulière.

GWAR a cet avantage d’être à la croisée des styles. On trouve à la fois un côté punk et un côté thrash qui s’harmonisent parfaitement. « Zombies, March ! » a ce groove très rock n’roll mais ne rechigne pas sur l’exploitation de riffs plus soutenues sur lesquels les guitares et la double grosse caisse se suivent parfaitement. Douteriez-vous au passage des qualités de ces musiciens ? Faites attention aux harmonisations des guitares et aux différents soli. Il y a de quoi être admiratif. En plus, ça ne doit pas être évident de reproduire ces parties sur scène avec de tels accoutrements. « Zombies, March !» est la première partie d’un morceau en quatre parties, « The Bloody Pit Of Horror ». GWAR s’est encore une fois amusé avec une histoire de destruction de l’univers… « Come The Carnivore » est nettement plus lent que son prédécesseur et ce afin de constituer une transition. « A Gathering of Ghouls » revient à plus de metal. C’est encore une fois plutôt efficace, teigneux et technique. Il est indéniable que le chant d’Orderus Urungus apporte énormément dans l’identité du groupe. Si GWAR utilisait un autre type de chant, plus conventionnel, on perdrait cet aspect narratif. C’est comme si ce chanteur voulait vous raconter une de ses histoires en chantant plutôt que de vous chanter une histoire. Vous saisissez j’espère toute la nuance de la chose. Quoiqu’il en soit, prenez vraiment le temps de vous concentrer aussi sur les aspects musicaux de ce groupe car il y a de quoi faire. « Storm Is Coming », le dernier volet de ce morceau en quatre parties, comprend lui aussi son lot de riffs puissants et techniques, surement le meilleur morceau et le plus réussi de cette partie de l’album.
« Beat You To Death » pourrait être un hommage à MOTORHEAD et au thrash façon METALLICA des débuts. C’est énergique, rock n’ roll et punk à la fois. Il est au passage étonnant que ce morceau ne soit pas devenu le single du groupe pour cet album. Là encore, vous pourrez appréciez ces guitares ravageuses. « You are My Meat » est le premier morceau de l’album à introduire un peu de son clair sur des tempos ralentis. Serait-ce l’anti « This Love » ? On retrouve le même genre d’enchainement dans ce morceau que dans celui de PANTERA mais avec un propos quelque peu différent… Vraiment si différent ? Rien à voir en tout cas avec le surplus d’énergie contenu dans le morceau « KZ Necromancer ». C’est peut-être le morceau le plus teigneux de l’album. Là encore, très bon morceau parfait pour le headbanging furieux. « The Litany Of Slain » est très bien nommé. On a vraiment l’impression d’une litanie déclamée sur des riffs très gras. GWAR est néanmoins en mesure d’introduire des voix mélodieuses au milieu des ces déclamations furieuses. Musicalement, c’est encore une fois une réussite incontestable. Bien entendu, il y a un goût de déjà vu mais c’est tellement maitrisé et efficace qu’il est difficile de rester insensible. « Sick and Twisted » boucle cet opus avec une petite touche un peu plus groovy que sur le reste des morceaux, façon FAITH NO MORE ? Pourquoi pas tiens ! Mais avec un peu plus de patate s’il vous plait !

Ne vous fiez jamais aux apparences ! Ce n‘est pas parce que GWAR ne ressemble à rien d’autre que ces musiciens ne sont pas expérimentés et novateurs. Certes, on a vu plus novateur et peut être moins retro mais une telle maîtrise est assez exceptionnelle. GWAR est certainement le seul groupe à avoir complètement réussi le pari de donner un spectacle totalement exceptionnel sur une musique parfaitement maîtrisée tout en gardant une sorte d’identité secrète. Ces gars là ne sont pas des héros, loin de là, plutôt des supers vilains qui risqueraient bien de détruire le monde en utilisant le metal comme arme de destruction massive…