HOULE
Ciel cendre et Misère noire [ 2024 ]
  Pavillon 666 - metal rock webzine CD Album
Durée : 44.50
Style : Black metal mélodique
  Infos :
  Contact label : https://lesacteursdelombre.net/
  Contact groupe : https://www.facebook.com/houleofficiel https://houle.bandcamp.com/
  Interview :
 Pavillon 666 - metal rock webzine ORIGINALITE
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TECHNIQUE
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PRODUCTION
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EMOTION
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  Chronique : 08 juin 2024 , réalisée par TomHunter
   
« Ciel cendre et Misère noire », premier album de Houle est paru hier chez Les Acteurs de l’Ombre, à la veille de la journée mondiale de l’océan (8 juin 2024). La formation parisienne aurait-elle anticipé cette sortie dans le but de sensibiliser son public au rôle crucial qu’ont les eaux troubles et déchainées qui nous entourent ?
Depuis 2022 avec la sortie de leur EP sobrement intitulé « Houle », le quintette a foulé les planches et a forgé son image en se dissimulant derrière de sombres marinières encordées et des lanternes.
Crabe, brestois d’origine, fondateur du groupe et guitariste lead est accompagné de Graey Gaast, Vikser, Zéphir et Adsagsona, respectivement à la basse, batterie, guitare rythmique et voix, et tous en provenance de la capitale.
Leurs compositions prendra pour références MGLA ,Véhémence, Forteresse (selon une interview parue pour la sortie de l’EP).


Comme nous sommes partis pour naviguer, l’introduction de l’album laisse entendre les flots, le bois qui craque, et même la température de l’eau, 10 degrés… une porte s’ouvre, à l’extérieur des mouettes ricanent. Des chants se font entendre au loin, un pub le long d’un quai ; une seconde porte s’ouvre et laisse place au chant marin d’hommes en choeur (la coloniale ?).

« La danse du rocher » commence avec près de 7 minutes où tout les ingrédients de la sauce houleuse sont présents : premier riff de l’album aux teintes heavy, guitare claire mélodique, les blasts déchainés, voix claire qui grimpe crescendo vers le cri puis le growl.
On notera l’évocation de Maclow, le saint navigateur ayant donné son nom à la cité corsaire de Saint Malo. Une ville qui encore aujourd’hui subit les tempêtes dévastatrices. Tout autant destructif survient le cri de la chanteuse Adsagsona, hurlement d’oiseau ou de goule, en tout cas le ciel s’assombrit…
L’albatros de Baudelaire ne se fera pas capturer ici car « Mère nocturne » emboite déjà le pas et propose une tornade de fûts et de cris stridents et acérés.

« Sur les braises du foyer » avait bénéficié d’une promotion spéciale grâce au vidéoclip mettant en scène une femme, lassée d’attendre son époux parti en mer. Le texte dévoile sa tristesse profonde, sa mélancolie, sa solitude absolue, son abus d’alcool, seul remède aux illusions noires. L’attente trop longue et insoutenable, le vague à l’âme, flamme à la main, la femme au foyer brûlera lettres, vêtements, photographies et toutes ses « joies passées »… jusqu’à embraser son propre foyer. Ce titre évoque sensiblement un phénomène toujours d’actualité au sein des familles de marins. Lorsque l’abandon isole à ce point, ce n’est plus celui qui part en mer qui perd ses repères mais celle qui reste à terre.

Heureusement « Derrière l’horizon » renoue avec le collectif, le nombre. Cette pluralité sera desservie par de longs tremolos picking, décrivant cette fois-ci le marin pêcheur patientant lors de sa « dernière chasse ». La terre comme seul espoir, le cap vers cette seule espérance. « Harponneurs » apostrophés avec haine et mépris lancera le débat sur le principal usage de cette arme (pêche aux poissons ainsi qu’aux grands mammifères marins).
Pendant que la nuit tombe sur le pont et que l’équipage de Houle se relaie par quarts, l’interlude « Et puis le Silence » laisse entendre une mélodie toujours très mélancolique et intense à la guitare, entremêlée de sons marins provenant des plus basses profondeurs.
Une basse qui d’ailleurs couvrira l’introduction de « Sel, sang et gerçures », un titre où le black metal mélodique du quintette plongera définitivement l’auditeur dans une noirceur tempêtueuse.
Les choeurs rappellent un certain Véhémence mais nous ne perdons toujours pas le fil conducteur, ces hommes de l’océan partis en guerre.

Avec « Née des Embruns », nous plongeons à nouveau dans un univers nautique lancinant, nostalgique, qui sent bon le sable froid. Lentement, la voix d’Adsagsona nous enfonce dans les abysses jusqu’à ressurgir à la surface avec cette entité écorchée, décharnée, représentée comme une sirène déchue et vengeresse. Une fois encore, la thématique et les protagonistes sont repeints d’un aspect sombre et de crasse. Le chant désabusé et cette batterie fracassante laisse place à une certaine lourdeur qui noiera l’auditeur une bonne fois pour toute.


Avec ce premier album, Houle se démarque et propose un black metal aux sonorités liquides et obscures, un style qui produit son petit raz de marée outre atlantique (à en juger certains commentaires sur la toile). Cette épopée lyrique peint un tableau ténébreux facilement imaginable à l’écoute, grâce à chaque chapitre minutieusement composé.
La question qu’on est amené à se poser en refermant le livret : le groupe parviendra-t-il à conserver cette touche dans l’avenir ?




Tracklist :

Introduction
La Danse du Rocher
Mère Nocturne
Sur les Braises du Foyer
Derrière l'Horizon
Et Puis le Silence
Sel, Sang et Gerçures
Née Des Embruns







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