CHRONIQUES ALBUMS

On l'attendait et il est enfin là, dans nos mains, ce nouvel album de ORPHANED LAND. On l'attendait car il fait suite au phénoménal « All Is One » paru en 2013. On l'attendait aussi car il s'agissait du premier album sans le guitariste et membre fondateur Yossi SASSI parti pour de nouvelles aventures en solo. Et du coup, c'était aussi le premier album du groupe avec son remplaçant Chen BALBUS Alors forcément, le groupe a du sentir une forme de pression en entrant en studio. Mais l'album est là, ce fameux « Unsung Prophets and Dead Messiahs » et croyez moi, la longue attente en valait vraiment la peine !

Premier constat, le son de cet album est impeccable. Le groupe a depuis longtemps quitté le style plus death qui le caractérisait à ses débuts pour évoluer vers quelque chose de plus progressif. Cela ne veut pas dire que le groupe a changé du tout au tout. Tout comme un groupe tel que AMORPHIS, il a tout simplement suivi le chemin de la maturité, donnant l'impression de passer de l'ombre à la lumière. Et de la maturité, ce n'est pas ce qui manque ici.

On s'embarque ici avec « The Cave » et ses 8 minutes de metal progressif où s'imbriquent riffs puissants, chœurs et un Kobi au chant au sommet de son art ! Quelle voix ! Son style était déjà remarquable sur « All Is One » mais on doit reconnaître que le frontman a encore passé un palier, et pas qu'en chant clair d'ailleurs. Avec « We Do Not Resist », ORPHANED LAND renoue avec la musique plus costaude. Le chant de Kobi se fait alors plus death. Dans cette catégorie il excelle tout autant qu'en chant clair. Le groupe est d'ailleurs aussi convaincant avec ce style de morceau plus hargneux que sur ses morceaux plus épiques. Et puis il y a toujours les instruments orientaux et les chœurs pour apporter leur dimension unique. Ce petit plus fait toute la différence et donne au groupe une envergure unique. C'est un élément indissociable de leur musique qui donne toute l'émotion à un titre tel que « In Propaganda ». Ce troisième acte met en avant un facette plus « ballade » du groupe mais toujours avec une énergie unique et des racines ethniques mises en relief. On reste sur cette thématique avec « All Knowing Eye » en s'enfonçant un peu plus vers les émotions que sait mettre en relief le groupe. On arrive enfin à l'aspect le plus ethnique avec « Yedidi » dans la tradition des morceaux tels que « Sapari ». C'est le type de composition qui vous amène vers des ailleurs dont seul ORPHANED LAND a le secret. On regrette qu'il n'y ait pas eu un ou deux titres de plus de cette trempe sur ce disque mais bon, c'est déjà bien. Et les bonnes choses ne s'arrêtent pas ici ! En effet, on peut compter sur « Chains Fall To Gravity » et ses 9 minutes 30 pour s'envoler vers de nouvelles contrées. Et quoi de mieux pour ce long morceau épique que d'inviter l'un des pionniers du progressif en la personne de Steve HACKETT, autrefois guitariste de GENESIS dans les années 70. Encore une belle réussite pour ORPHANED LAND en signant l'un des titres les plus longs de sa carrière mais aussi d'une rare intensité. On reste dans la série des invités avec le titre « Like Orpheus » sur lequel on retrouve un autre grand chanteur, Hani KÜRSCH du groupe BLIND GUARDIAN. Les deux voix se marient à merveille sur ce titre plus heavy. On retrouve une belle énergie sur ce morceau plus traditionnel mais toujours aussi efficace. Tout cela méritait bien un petit intermède pour reprendre son souffle. C'est le morceau « Poets Of Prophetic Messianism » qui s'en charge avant que l'on se rembarque vers l'Orient avec encore deux belles réussites, « Left Behind » et « My Brother's Keeper ». On continue sur cette belle lancée avec « Take My Hand ». « Only The Dead Have Seen The End Of War » est pour le moins surprenant avec son chant black metal des plus saisissants. Ce morceau est une superbe belle pièce ou se mêlent intensité, mélodies et rythmiques implacables. On conclue enfin cet album comme il se doit avec « The Manifest - Epilogue ».

ORPHANED LAND signe une belle pièce de plus d'une heure. L'attente a été longue mais justifiée. Le groupe atteint le sommet de son art mais n'oublie ni ne néglige ses racines. « All Is One » était sans aucun doute l'album de la maturité, « Unsung Prophets & Dead Messiahs » confirme le statut de la formation parmi les grands groupes de son époque.